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"Si la Loi s'applique à tous, elle doit être accessible à
chacun"
En flanc, une Dame chute, s'exhibe sur la table...
Il ne s'agit que de bridge et comme nous sommes dans la période
du jeu de la carte, elle sera, jargon du code et des arbitres
oblige, pénalisée principale.
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Faute légère, lourde peine
Simple maladresse, faute légère, qu'importe, pénalité lourde
souvent disproportionnée.
1. La carte reste exposée: il y a obligation de la jouer à la
première occasion...
- soit pour fournir à la couleur
(Dans chacun des 3 cas A, B
et C, Sud, déclarant au contrat de 3 Sans-Atout, a réalisé
six levées et devrait normalement chuter).
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A V 10 6 3 |
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Est, maladroit, laisse choir la Dame de Trèfle face
visible. Il sera dans l'obligation de la fournir si l'on joue de cette
couleur. 5 de Trèfle pour l'As et la Dame...
3 Sans-Atout plus 2, bien mérité (?)
- soit pour défausser
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V 10 6 3 2 |
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Diagramme légèrement modifié. Sud dispose de l'As de
Carreau mais le mort a perdu l'As de Trèfle. La situation du déclarant
n'est guère plus enviable ! Est, toujours aussi obligeant, expose
Argine.
Si le déclarant tire l'As de Carreau, Est devra défausser
la Dame de Trèfle (!).Le mort reprendra des couleurs...
3 Sans-Atout à nouveau tout autant mérité!
- soit pour attaquer une levée
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A V 10 3 2 |
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L'As de Carreau est cette fois-ci en Est et Sud ne
communique plus avec le mort. Comme d'habitude, Est a joué les roues
de secours en laissant tomber la Dame de Trèfle.
Carreau pour l'As, Est devra attaquer de la Dame de Trèfle à la levée
suivante. Pas de chance cette fois-ci, il faudra vous contenter de 3
Sans-Atout plus un !
2. Les choix du déclarant quand le flanc a la main.
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A 4 3 |
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R 7 6 5 |
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R V 5 2 |
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4 2 |
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10 9 6 2 |
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4 |
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9 7 |
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R D 10 9 8 7 |
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V 8 7 |
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D V 10 8 3 2 |
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10 8 |
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A 5 |
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R D 5 |
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A 9 |
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A D 6 4 3 |
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V 6 3 |
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Sud négocie 3 Sans-Atout.
Ouest, qui n'ignore rien de la rubrique mensuelle des entames, sélectionne
le Roi de Trèfle, mais dans sa hâte il fait tomber (une habitude
pour elle) la Dame de Trèfle.
Si Est gobe le Roi de l'As, le déclarant pourra lui interdire de
rejouer Trèfle. 3 Sans-Atout plus un, donc. Si Est laisse Alexandre
faire la levée, Ouest devra jouer la Dame de Trèfle : 3 Sans-Atout
plus 2...
Cette possibilité pour le déclarant d'imposer ou d'interdire au
partenaire du joueur qui a une carte pénalisée d'attaquer de la
couleur est exorbitante. Zia Mahmood, dans une récente interview,
critiquait cette disposition du code. On le comprend. Je l'approuve et
on pouvait espérer que le code 1997 modifierait cette disposition.
Comme dans bien d'autres cas, la connaissance de la carte exposée prématurément
(ici la Dame de Trèfle) pourrait n'être considérée que comme une
information non autorisée pour le partenaire. Ce dernier devrait
seulement éviter d'en tenir compte. L'arbitre apprécierait en cas de
contestations.
Code 1997: ça se complique !
Pour sévères qu'elles soient, les dispositions ci-dessus ont au
moins l'avantage d'éviter discussions et autres commissions d'appel.
Elles s'appliquent de piano. Le texte de 1997 n'est pas vraiment
modifié, mais le législateur a toutefois ajouté une petite phrase
qui a arraché à Ton Kooijman, nouveau président de la Commission
mondiale des lois, le commentaire suivant "Commissions d'appel
(et arbitres) bon courage !". Voici ce nouveau texte :
"L'obligation pour le joueur fautif de jouer la carte (pénalisée)
est pour le partenaire une information autorisée mais toute autre
information provenant du fait qu'il a vu cette carte est non autorisée".
On comprend Ton Kooijman...
Quelques exemples apporteront peut-être un éclairage sur cette
phrase. Je rappelle que si ce partenaire est en main (ce n'est pas
forcément le cas), il est soumis au choix du déclarant avant
d'attaquer la levée suivante. On peut lui imposer ou lui interdire
d'attaquer de la couleur de la carte pénalisée, on peut aussi le
laisser libre de jouer la carte de son choix et dans ce seul dernier
cas, la carte exposée prématurément par son partenaire reste pénalisée.
Le droit de savoir
Ouest est en main.
Sud déclarant. Contrat 4 Piques. Sud a réalisé six levées.
Normalement, le contrat sera battu de deux levées, Est-Ouest ayant
encore droit à deux levées de Carreau et à la coupe Cœur, si Ouest
joue Carreau. Mais comme il se doit, Est a fait tomber la Dame de Trèfle.
Il serait idiot pour le déclarant d'obliger ou d'interdire à Ouest
de jouer Trèfle... Il laisse donc le choix de l'attaque, la Dame de
Trèfle reste pénalisée.
A ce stade, Ouest sait et a le droit de savoir que si son
partenaire prend la main, il sera obligé de jouer la Dame de Trèfle,
dans coupe et défausse, ce qui aura pour vertu de livrer le contrat.
Abandonnant l'espoir de couper un Coeur, il jouera le 3 de Pique
sur lequel Est devra défausser sa Dame de Trèfle.
Le flanc fera alors deux levées à Carreau pour moins un. De même
:
Ouest est à l'entame contre le contrat de 4 Cœurs.
Après l'As de Carreau, il tire le Roi, mais fait tomber le Valet
qu'il présente (obligé) pour la troisième levée.
Après avoir coupé, son partenaire aura le droit de savoir que le
jeu du Valet était obligé et qu'il n'est pas une indication préférentielle
pour un retour Pique.
Le droit de voir, non de savoir
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10 7 5 |
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- |
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R 9 8 2 |
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R |
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V 4 3 |
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A D 6 |
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Un joueur français (NDLR. Pudeur de l'auteur, il s'agit de son
fils, Yves) a posé à Lille le piège suivant au flanc. Contre 3
Sans-Atout, Ouest a entamé du 2 de Carreau. Le 5 a été appelé du
mort et le déclarant a pris le Valet de... l'As ! Il a rejoué ultérieurement
le 6 de Carreau et Ouest, persuadé que son partenaire possédait la
Dame, a fourni le 8. Non seulement le déclarant a gobé la levée du
10 mais il s'est créé la rentrée au mort qui lui était
indispensable pour gagner son contrat.
Dans le même diagramme, je vous propose la séquence suivante
(rien à voir avec celle de Lille).
Sud |
Ouest |
Nord |
Est |
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1 |
passe |
passe |
2 SA |
passe |
3 SA |
fin |
Supposons le Roi de Pique exposé en Est.
On connaît alors 4 points H chez Est (Roi de Pique et Valet de
Carreau). Après avoir passé sur l'ouverture d'1 ,
il ne peut posséder en plus la Dame de Carreau.
A Lille, le piège a fonctionné, ici il n'aurait aucune chance de
réussir. Manifestement le flanc a pu tirer avantage de son irrégularité.
Mais si Ouest met le Roi de Carreau... alors oui, arbitre, bon courage
si vous décidez de rectifier. Les cas d'application de ce nouveau
texte du code sont très nombreux. Leur résolution suscite tellement
de questions que la Commission des lois est revenue sur ce point le 24
août à Lille.
Voici une de ses interprétations, grâce à un exemple.
Est a l'As de Pique de pénalisé. Ouest possède R D V 2 dans
cette couleur. La commission précise qu'il pourra fournir la carte de
son choix et qu'il n'est pas obligé de fournir un honneur puisque son
partenaire devra jouer l'As.
Mais comment appréciera-t-on le cas suivant :
Contrat à l'atout, Cœur par exemple. Le déclarant joue le 3 de
Pique. Joue-t-il sous son As ? On mettra parfois (souvent ?) le Roi.
Ici aucun risque de jouer petit si le partenaire a l'As de Pique pénalisé.
Il a le droit de le voir. A-t-il le droit de savoir qu'il était en
Est ?
Certes, l'arbitre ne sera pas toujours sans défense. Il pourra
attribuer une marque ajustée s'il estime qu'Est, au moment où il a
exposé l'As de Pique, aurait pu savoir que son camp pourrait tirer
avantage de cette irrégularité. Ce ne sera pas forcément le cas.
Je ne suis, hélas, pas certain, par ces quelques exemples, d'avoir
rendu "la Loi accessible à chacun".